La blessure invisible de l’enfant intérieur

Comprendre et guérir selon Moussa Nabati

Dans le silence de nos douleurs d’adultes, il y a parfois un cri que l’on n’entend plus : celui de notre enfant intérieur. Un cri étouffé, ancien, oublié… mais toujours vivant.

Le psychanalyste humaniste Moussa Nabati, auteur de Guérir son enfant intérieur, Le Bonheur d’être soi ou encore La Dépression, une blessure de l’âme, a consacré une grande partie de son travail à cette figure intérieure. Pour lui, la clé du mal-être adulte se cache souvent dans un manque psychique profond, laissé dans l’enfance, jamais identifié, rarement reconnu.

👶 L’enfant intérieur, exilé silencieux

L’enfant intérieur, tel que le décrit Nabati, est la partie la plus sensible, vivante et émotionnelle de nous-même. Il est porteur de nos besoins fondamentaux : être aimé, reconnu, sécurisé. Lorsque ces besoins ne sont pas nourris — notamment par une mère absente, froide, ou débordée — l’enfant se construit avec une faille intérieure, un trou émotionnel.

Ce trou n’est pas une simple blessure du passé. Il agit au présent, fréquemment à notre insu. Il influence nos choix, nos relations, notre rapport à la réussite ou à l’amour.

Nabati compare cette faille à un exil intérieur. L’enfant, en manque de nourriture affective, est comme un immigré contraint de quitter sa terre natale : non pas un pays, mais un lien fondateur qui s’est effondré. Et l’adulte erre alors dans sa vie, en quête d’appuis extérieurs pour combler cette brèche : performance, possession, contrôle, hyperactivité.

🗣️ « Ce n’est pas le manque qui blesse, dit Nabati,
mais la non-reconnaissance du manque. »

🌱 Les pistes de guérison selon Nabati

Guérir l’enfant intérieur, ce n’est pas faire table rase du passé. C’est oser revenir doucement à soi, avec lucidité, patience et amour. Voici les piliers qu’il propose :

1. Ne pas combler trop vite

Ce vide intérieur ne doit pas être bouché comme un trou dans un jardin. Chercher à le remplir précipitamment — par le travail, la consommation — revient à masquer la blessure plutôt qu’à l’écouter.

2. Ralentir et accueillir

La clé est dans la lenteur. Aller vite empêche d’écouter. C’est en ralentissant que l’on peut percevoir le souffle de l’enfant intérieur, entendre ses peurs, ses besoins, sa solitude.

3. Réhabiliter la figure maternelle (symboliquement)

Ce n’est pas tant de pardonner, mais de reconnaître. Revenir symboliquement au lien à la mère, sans accusation ni illusion, permet une reconnexion intérieure apaisée. La mère en nous peut alors renaître, non comme une image parfaite, mais comme une fonction intérieure nourricière.

4. Oser ne rien faire pour aller mieux

L’une des idées les plus déroutantes : ne rien faire. La volonté de guérir peut être une fuite en soi. Il faut parfois simplement s’asseoir avec la douleur, l’écouter sans la fuir, et lui offrir un espace d’accueil. Guérir ne veut pas dire réparer, mais accompagner.

🔁 Redevenir parent de soi-même

On croit souvent qu’en faisant plus, on va mieux.
Mais le vrai chemin, selon Nabati, c’est de faire moins pour être plus.

Guérir son enfant intérieur, c’est s’asseoir à côté de lui. C’est lui parler avec tendresse, le remercier d’avoir tenu bon malgré l’abandon, la peur, le silence. C’est redevenir le parent qu’on aurait voulu avoir.

On ne guérit pas en oubliant.
On guérit en reconnaissant ce qui a manqué, en lui donnant enfin un espace pour respirer.

✨ En résumé :

• L’enfant intérieur est cette part de nous encore vulnérable, parfois oubliée, mais toujours active.

• Ce qui fait souffrir, ce n’est pas l’enfance elle-même, mais le refus de reconnaître le vide laissé.

• Guérir, c’est ralentir, accueillir, ne pas combler trop vite.

• Et surtout, c’est redevenir son propre refuge.

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